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À Caen la forme

Récit et film d’Aventure – Ascension du Nevado Ojos del Salado, 6893m, Chili – Etienne LOISEL

En février 2019, notre coach Etienne a réalisé une première mondiale : faire l’aller/retour depuis le camp de base n°1 jusqu’au sommet du plus haut volcan du monde, le Nevado Ojos Del Salado (6893m), en moins de 24h. Découvrez le film de l’expédition et le récit d’Étienne.

Jour 1, jeudi 7 février

On ne va pas jouer les vrais-faux écolos. Notre voyage est une catastrophe écologique : bilan carbone exécrable, plastique en veux-tu en voilà dans l’avion, un repas chez McDonalds, et location d’un 4×4. Je tenais à le souligner. Déjà, on en a conscience. Mais c’est vrai que pour commencer un récit de voyage, qui se veut humain et empreint d’une certaine « bonne conscience », il y a plus romantique.

A l’heure où j’écris ces lignes, il est 11h30 en France et 7h30 à Santiago, j’éprouve une sensation étrange, jamais vécue jusque-là. C’est un mélange d’excitation, de doute, de peur et de bonheur. Oui, tout cela en même temps, visiblement c’est possible. Assis dans l’avion à côté d’Antoine, je m’imagine notre aventure, avec comme leitmotiv cet étrange mélange de sensations. Je me sens vivant, c’est certain. Excité de me confronter à la haute altitude – j’ai tellement entendu parler d’elle et de ce qu’elle procure – douteux de mes propres capacités et de la faisabilité de notre projet, peur qu’il nous arrive quelque chose d’inévitable, mais heureux de n’avoir jamais été aussi proche de résoudre toutes ces inconnues. Heureux aussi d’en arriver là, d’avoir cru en se projet et de l’avoir mené à échéance. Maintenant, il n’y a plus qu’à…

« On croit faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait », Nicolas Bouvier.

Jour 2, vendredi 8 février

On remonte le pays vers le Nord. On roule plus de 800 kilomètres sur la transpanaméricaine, cette route célèbre qui traverse l’Amérique, pour se rendre dans la région d’Atacama. Cette route longe l’océan Pacifique et les côtes déchiquetées du Chili, traverse des zones désertiques et chemine occasionnellement dans des « Miami Beach » à la chilienne. Nous voulons arriver dès ce soir au Laguna Santa Rosa (3780m), il semble y avoir un petit refuge là-bas. Notre voiture consomme beaucoup d’essence. Nous décidons par conséquent de prendre un raccourci pour rejoindre notre lieu de villégiature. La piste passe un col à 4150m d’altitude. 36 heures auparavant, je prenais le bus dans la rue principale de Cognin, chez moi. Il est maintenant 21h30, et on franchit un col à plus de 4000m, de nuit, avec notre petit 4×4 Suzuki.

A Laguna Santa Rosa, on dort dans un petit refuge, plutôt confortable, à 3780m. L’acclimatation commence.  

Jour 3, samedi 9 février

Je n’ai pas bien dormi. Le souffle court, j’ai somnolé par intermittence, avant de voir le soleil se lever par la lucarne de la fenêtre. Je me lève, et j’observe par la fenêtre du petit refuge les flamands roses se délecter des premiers rayons du soleil. On prépare les sacs, un pour la journée, l’autre pour stocker le reste des affaires. Ce sera notre rituel tout au long de l’expédition. Nous préparons un petit déjeuner royal, sur la terrasse du refuge qui laisse entrevoir l’immensité et la beauté des grands espaces du désert d’Atacama. On devine des sommets enneigés partout, et surtout un panel de couleurs ocre, jaunes, blanches, grises régies par les immensités rocheuses. Parmi ces sommets qui culminent pour certains à plus de 6000 mètres, le Laguna Santa Rosa semble se faire manger de manière inéluctable par le Salar de Maricunga. Chargée en sel à 2%, l’eau du lac s’évapore sous les chaleurs extrêmes du jour pour laisser finalement le sel orphelin de sa solution. Le décor est planté, magnifique. Nous prenons notre café au milieu, accompagné d’un délicieux cake au citron et au chocolat. Nous sommes impatients de grimper sur notre premier sommet.

Le Cerro Siete Hermanas Maricunga, culminant à 4880m, sera le premier sommet d’une liste de 4. Nous prévoyons monter progressivement, de 4880m à plus de 6000m jeudi prochain, tout en redescendant dormir quasi systématiquement plus bas. Voilà notre plan d’acclimatation, grosso modo. Toujours est-il qu’aujourd’hui, ce « Mont-Blanc » ocre nous donne déjà un premier repère. L’ascension se fait intégralement sur une croupe, le paysage est fou, avec le Salar en contre-bas. Les roches fluctuent du noir au jaune, de l’ocre au gris. On prend le temps de contempler, et surtout de boire toutes les 20 minutes pour éviter la déshydratation systématique à ces altitudes. Atacama est le désert le plus sec et aride de la planète, l’air que nous respirons ici nous assèche les muqueuses. La gueule de bois, toutes les 20 minutes ! Nous atteignons le sommet sans trop de difficulté, on fait même une longue pause là-haut pour déguster œufs durs que nous avons cuits au petit déjeuner. Mine de rien, nous sommes à 4880m, et je viens de dépasser le point le plus haut sur lequel j’avais déjà grimpé (le Mont-Blanc, 4810m). A la descente, on croise des Vigognes, sorte de Lama. Étonnamment, c’est dans la descente que j’ai commencé à avoir mal à la tête et ça se poursuit au refuge.                 Notre corps réagit. On se pose des questions, mille questions. Ne sommes-nous pas montés trop haut pour une première journée ? Sommes-nous vraiment prêt pour ce projet ? Devons-nous remonter demain pour un second sommet ? Et puis, à l’instant où j’écris ces lignes, le mal de tête a disparu, laissant place à une bonne fatigue, celle d’une journée où nous avons déjà bien œuvrés. La nuit va être bonne.

Jour 4, dimanche 10 février

Le Cerro Pastillitos, 5090m. Ce matin, on croise la route d’un renard à l’affût, il chasse. Il n’est pas perturbé  par notre présence, la vie prend le dessus sur le stress ici. En 3 heures, on avale les 1300m de dénivelé qui nous conduisent au sommet du Cerro Pastillitos. Notre esprit se laisse distraire par la magnificence des paysages alentours. Le temps passe. Nous mangeons chacun nos deux œufs durs, c’est devenu la coutume. Puis on entame la descente dans les pierriers. Ma tête commence à m’envoyer les signaux de l’altitude. Plus je descends, plus l’étau se resserre sur mon crâne. Ce n’est pas une sensation agréable, mais je me dis que ça va passer, comme hier. Il faut faire avec, c’est le jeu de l’acclimatation. C’est aussi dans ces moments que je pense à ma chérie, en France. Je pense aux personnes qui comptent pour moi. C’est plaisant de savoir que ces personnes pensent à vous à l’autre bout du monde. Ça aide à dépasser le marasme qui règne dans mon crâne à cet instant. On rejoint la voiture après 16 kilomètres de marche, je m’assois, et je veux dormir. Je vais me poser sur la terrasse du refuge, rien ne compte autour à cet instant. Antoine, lui, n’est pas dans le même état que moi, il va mieux. Je me pose trop de questions, c’est le jeu de vivre dans l’inconnu. C’est excitant. J’aime ça finalement, c’est ce qui me fait me sentir vivant, éprouver des émotions, des sensations. Il me faut une bonne heure pour me sentir mieux, et une douche fraiche au refuge en prime. On finit la journée dans les canapés sur la terrasse du refuge, face aux sommets enneigés du Nevado Tres Cruces. J’ai grimpé mon premier 5000. Demain, nous prévoyons faire une journée de repos au Laguna Verde, 4300m, au pied de l’Ojos del Salado.

Jour 5, lundi 11 février

Aujourd’hui, nous quittons le Laguna Santa Rosa pour le Laguna Verde, à 4360m d’altitude. C’est là-bas que nous planterons la tente ce soir, sur les berges du lac dont on s’est imaginé la beauté grâce aux récits lus avant de partir. La route qui y mène est incroyable, avec un passage à 4500m. Elle sillonne parmi les très hauts sommets du coin, quasiment tous à plus de 6000m. Tres Cruces Norte, 6030m. Tres Cruces Central, 6629m. Nevado Tres Cruces, 6749m. Barrancas Biancas, 6119m. Pena Blanca, 6030m. Volcan Vicunas, 6067m. Nevado San Francisco, 6029m. Volcan Incahuasi, 6638m. Cerro El Fraile, 6062m. Cerro El Muerto, 6488m. Et puis, au fond là-bas, le Nevado Ojos del Salado, 6893m. Le décor est incroyable, et nous sommes au milieu de cette scène, assis dans notre petit Suzuki, à contempler comme des gamins les paysages tout droits sortis de nos rêves. J’ai déjà vu ces paysages en photo, sur internet et dans des livres, mais la dimension du réel n’est pas la même. Après cette orgie de contemplation, nous voilà arrivés au Laguna Verde, lieu de bivouac connu pour les acclimatations des alpinistes du monde entier. Une vieille cabane trône devant le lac. On se demande comment elle tient encore debout. Il y a  des tentes de toutes les couleurs installées sur « la plage ». On en fait de même. Il est 13h30, on se prépare à manger. On doit gérer notre consommation d’eau potable. Il nous reste 36 litres pour les 3.5 jours à venir. Antoine va donc remplir l’eau de cuisson des pâtes dans le lac, c’est toujours ça d’économisé. Grave erreur ! Les pâtes sont immangeables, trop salées ! L’eau du lac est trop chargée en sel, c’est assez hallucinant. On finira par manger des gaufrettes à la vanille, une valeur sûr ! Trêve d’épisode rocambolesque, Antoine fait une sieste pendant que je pars faire un tour au bord du lac. Seul, je réfléchis, mon cerveau cogite sur la suite de notre programme. Je reviens au camp de base, conciliabule ! Pour faire simple, nous avons prévu monter demain au refuge Atacama (5200m) en marchant afin d’y dormir, puis d’enchainer le lendemain (mercredi) avec la montée à Tejos (5830m) et la redescente complète jusqu’à la voiture. Jeudi, nous souhaitions grimper sur le Volcan Vicunas (6067m), notre premier 6000. Mais c’était sans compter sur notre 4×4 trop goulu en essence. Ce programme ne peut pas tenir avec ce qu’il nous reste d’essence. On modifie. Demain, on tente l’ascension du Volcan Vicunas. On campera au pied de celui-ci, et mercredi nous monterons dormir à Atacama pour enchainer jeudi avec la montée à Tejos et la redescente. 4ème jour d’acclimatation, nous voilà déjà partis sur notre premier 6000. En attendant, le lieu est propice à l’évasion, et à l’écriture de ces quelques lignes. Le vent souffle derrière nous, on entend le clapotis des vagues sur le lac, rien d’autre.

Jour 6, mardi 12 février

Je me réveille, il doit être pas loin de 6h30, l’heure du réveil. Je saisis mon téléphone, il est 1h du matin. Nous sommes couchés depuis seulement 2h30. Ma tête commence à m’envoyer de mauvaises informations. Elle me fait mal. J’ai l’impression d’avoir bu ½ litre de vodka avant de me coucher. J’ai aussi une légère envie de vomir. Voilà les premiers symptômes du mal des montagnes. Comme une bonne grosse gueule de bois. J’essaye de me rendormir, en vain. J’observe Antoine à côté de moi, qui semble bien dormir. J’ai l’impression qu’il supporte mieux que moi l’altitude, tant mieux pour lui, mais c’est frustrant pour moi. Le reste de la nuit ne sera que souffrance. Le réveil sonne enfin à 6h30, comme prévu. Nous sommes censés partir dans moins d’une heure pour l’ascension de notre premier 6000. C’est pour le moment inconcevable pour moi. Antoine me prépare un café et une tartine de beurre de cacahuètes, mais je n’ai pas faim. Encore un symptôme du MAM. Je le subi de plein fouet, ça n’a jamais été aussi violent. On décide donc de ne pas partir faire l’ascension, et de rester là, au Laguna Verde, en attendant que ça passe, que mon corps décide de s’acclimater enfin et de me laisser tranquille avec les maux qui me plongent dans le marasme de l’altitude. La vraie difficulté de ce moment, c’est de se dire que je réagis comme les autres, voire moins bien, et que dans quelques jours, je dois réaliser ce que personne n’a jamais osé tenter jusque-là. Je doute profondément de mes capacités. Ça ne m’est pas habituel, pour être tout à fait sincère.

Ici, au Lagune Verde, il y a des petits bains chauds, deux sont salés, le troisième est rempli d’eau douce. C’est un réel bonheur d’y plonger. A 4360m d’altitude, nous voilà en caleçon, et il fait chaud, le vent ne s’est pas encore levé. Il faut attendre 13h pour cela, comme tous les jours, c’est systématique.

A Laguna Santa Rosa, nous avons été missionnés par une demoiselle, Carolina, pour rendre la casquette à un guide nommé Rodney et qui devait se trouver à Laguna Verde, notre destination. Afin de retrouver ce fameux Rodney, nous avons engagé la discussion avec toute une équipe d’expédition, dont les guides à qui nous avons fait part de notre projet. « Pas impossible, mais personne n’a jamais tenté », qu’ils disaient. Tant mieux, ça me rassure. Ils nous conseillent également de grimper plutôt le Nevado San Francisco en guise de premier 6000, plutôt que Vicunas. Il est apparemment plus « facile », avec un chemin bien tracé. On change donc nos plans. Etant donné mon état ce matin, je préfère faire un 6000 plus facile. Petit joueur le Etienne dans ces moments-là. Ma raison me rattrape, et c’est très bien ainsi. Je veux rentrer vivant chez moi, revoir mes proches. L’acclimatation, c’est quand même quelque-chose d’étrange. J’ai l’impression d’être faible, victime d’une chose impalpable, et surtout impuissant. Il faut prendre son mal en patience, attendre que mon corps accepte l’environnement dans lequel je l’ai conduit. Je suis aussi interrogatif vis-à-vis de toutes ces personnes qui gravitent autour de moi au camp de base, pour qui l’altitude ne semble leur faire aucun effet. Je me pose mille questions. J’apprends la lenteur, c’est peut-être ça qui me perturbe.

« Le vent heurte de ses lames intrépides

Les parois rocheuses du Laguna Verde,

Pendant que dans ma tête je fais le vide,

A l’abri d’un petit muret. »

Jour 7, mercredi 13 février

Ce matin, on se lève tôt. J’ai bien dormi, cent fois mieux que la nuit dernière. Je suis d’attaque pour notre premier 6000. Antoine aussi a bien dormi visiblement. Ca y est, mon corps s’est adapté à l’altitude 4360m. Je commence à comprendre que l’acclimatation s’effectue par paliers. 4360m, c’est acquis. Je crains en revanche la nuit prochaine à Atacama, c’est à 5200m ! J’ai peur de revivre ma journée d’hier. Bref, toujours est-il que nous partons aujourd’hui pour le Nevado Sans Francisco, soi-disant plus facile que Vicunas. Il est à la frontière avec l’Argentine, 22km après le Laguna Verde. Contrairement aux jours précédents, ce matin, il y a déjà du vent. Ça promet une belle bataille au sommet. Il y a des nuages aussi, formidablement teintés de rose par le lever du soleil juste derrière. On gare notre voiture au Passo San Francisco, la frontière, et on part, il est 7h50 du matin. Nous devons grimper 1400m de dénivelé pour toucher le sommet. Arrivés à 5500m, le vent fait rage, Antoine est un peu moins bien aujourd’hui. Il souffre dans les derniers mètres. A 5600m, la neige fait son apparition. On met les guêtres, les gros gants et les capuches. Le vent arrache des cristaux de glace et nous les expédie en plein visage. Les derniers mètres sont durs. L’altitude mêlée aux conditions météo ne nous facilite pas la tâche. Antoine semble vraiment souffrir, et ne s’attarde pas au sommet. Il redescend tandis que je prends le temps de faire quelques images, par 100km/h de vent ! Je me sens extrêmement bien aujourd’hui, c’est le jour et la nuit avec hier. Mais j’attends la descente avec anxiété. C’est à chaque fois à ce moment que le mal de tête m’est apparu. 5900m, 5700m, 5300m, 4900m, jamais il ne viendra. Je suis vraiment dans un bon jour, je savoure, pour mon premier 6000.

Quand, à mon altimètre, l’altitude 6000 s’est affichée, j’ai eu l’impression d’avoir accompli quelque-chose. C’est une sensation agréable, peut-être le sentiment du devoir accompli, et d’un stade passé.

Nous redescendons au Laguna Verde bien fatigués. On se plonge dans les bains chauds, l’instant est salvateur. On s’octroie même le luxe de se savonner. C’est notre première douche depuis 5jours. On démonte ensuite notre camp, direction le refuge Murray pour ce soir, le point de départ de notre projet, dans quelques jours.

Jour 8, jeudi 14 février

La nuit a été bonne. On se lève, il est 8h. Nous ne sommes pas pressés aujourd’hui. On prend un petit déjeuner sur la terrasse ensoleillée du refuge, face aux sommets enneigés alentours. L’objectif du jour est d’aller au camp de base n°2, Atacama, avec notre voiture, enfin le plus loin possible avec. On doute de la capacité de notre voiture à monter si haut. D’autant plus qu’on ne sait pas comment est la piste. Sableuse ? Caillouteuse ? Carrossable jusqu’au bout ? Il ne faut pas mettre en péril notre seul moyen de se déplacer sans efforts dans ce désert immense. Tout se passe plutôt bien, hormis quelques frayeurs passagères tout de même, jusqu’à 2km du camp de base, où l’on voit devant nous deux gros 4×4 de l’expédition chilienne ensablés dans une zone molle. On ne tente pas le diable, on décide de garer la voiture ici. En essayant de faire demi-tour, BINGO ! On ensable la voiture ! Je tente de pousser, mais à 5100m d’altitude, c’est trop éprouvant. Pas de pelles, on désensable à la main, et on pose des cailloux sous les roues pour qu’elles retrouvent l’adhérence. Après trois tentatives, nous arrivons à remettre la voiture sur la trace de la piste. On part donc à pied d’ici, en direction du camp de base n°2, avec la tente et tout le matériel de bivouac. On retrouve là-bas l’expédition chilienne que l’on suit depuis le début. Rodney, Adolpho, Emiliano et leurs clients sont contents de nous voir arriver. On commence à se bricoler un pare-vent en pierre pour installer notre tente derrière, quand on a l’idée d’aller voir Rodney qui occupe une petite cabane quelques mètres plus loin. Sait-on jamais, il ne dort peut-être pas là ce soir. Et en effet, il doit monter dans l’après-midi à Tejos, le 3ème camp de base. Avec toute sa générosité, il nous donne le reste de cuisine qu’ils n’ont pas consommé. Choux fleurs, concombres,  maïs, pâtes, avocats, des légumes quoi ! Nous passons le reste de l’après-midi assis sur des vieilles chaises à l’abri du vent, à contempler le paysage. Ça c’est de l’acclimatation ! Tout comme la nuit qui nous attend dans ce bout de cabane perdue au milieu du désert, perchée à 5200m d’altitude. Je la crains, nous la craignions, tous les deux…

Jour 9, vendredi 15 février

J’ai étonnamment très bien dormi. Je crois que mon corps s’est bien adapté à la diminution de pression. Antoine, en revanche, semble ne pas avoir dormi… On se lève tôt car aujourd’hui, c’est une journée un peu particulière. Nous redescendons à Copiapo pour aller chercher Martin, notre caméraman.  Nous en profitons pour refaire le plein de nourriture, d’eau et d’essence. Nous serons  trois désormais.  On retrouve aussi le wifi, c’est l’occasion de donner des nouvelles aux proches après une semaine coupés de toute civilisation. 17h30, Martin se pose sur le tarmac surchauffé de l’aéroport de Copiapo, au milieu du désert de sable. On charge la voiture comme on peut. Direction le Laguna Santa Rosa, pour la première nuit de Martin. Il va devoir s’acclimater rapidement, car pour le moment, au vu des conditions météo, on pense tenter l’ascension mardi 19. Les trois heures de voiture qui nous sépare de Laguna Santa Rosa permettent à Martin de faire déjà beaucoup d’images. Drone, caméra, GoPro etc… Au boulot, direct ! Il n’y a pas de temps à perdre. On finit la journée avec Patricio, le gardien du refuge, autour d’une bonne plâtrée de pâtes et de bons moments de partage.

Jour 10, samedi 16 février

Martin a plutôt bien dormi, c’est bon signe. Après un petit déjeuner toujours aussi agréable sur la terrasse du refuge, nous prenons tous les trois la route en direction du refuge Murray, où nous comptons dormir cette nuit. Nous faisons quelques pauses « drone » sur la magnifique route qui y mène, notamment au-dessus du Rio Lima avec en toile de fond les sommets enneigés des Tres Cruces, magnifique ! A Murray, nous mangeons un petit bout avant de partir à l’assaut du volcan Vicunas, 6050m, notre deuxième 6000. Martin, quant à lui, nous accompagne jusqu’au départ afin de faire quelques images.

L’ascension est difficile. Il n’y a pas de chemin tracé, nous grimpons dans des éboulis alternant pierres fines et chaos de blocs. C’est usant. 1300m de dénivelé positif nous sépare du sommet. La respiration est difficile, je n’arrive plus à bien reprendre mon souffle au-delà de 5700m, et j’avance à 1km/h environ. Je pensais être bien acclimaté après notre première semaine en altitude, mais ce volcan Vicunas va remettre le bazar dans ma tête, dans nos têtes. Notre projet est-il réalisable ? N’est-il pas trop ambitieux pour 2 novices de la haute montagne ? On se repose beaucoup de questions. Mais nous ne trouverons pas de réponse avant d’affronter la difficulté. L’incertitude étant le leitmotiv de notre projet. C’est aussi ce qui construit une sorte d’excitation propre à chacun de nous deux. Nous réussissons tout de même à rejoindre le sommet de ce volcan – en réalité c’est une antécime – avant de plonger dans sa face nord enneigée pour redescendre. En une heure, nous sommes de retour à la voiture, la descente étant une alternance de plaques de neige et d’éboulis fins, un régal ! Martin nous attend ici à 4750m d’altitude. Hier, il était au niveau de la mer. Montée en altitude trop brutale, il commence à déclarer les symptômes du mal des montagnes. Les six kilomètres de piste qui nous ramènent au refuge sont un calvaire pour lui. Le mal de crâne inhibe sa bonne humeur habituelle. Il part se coucher, dans un état critique. Il est 19h. A l’heure où j’écris ces lignes, il dort toujours, un étage en dessous de nous, et nous ne savons pas s’il va mieux. On veille sur lui, à tour de rôle. Je suis un peu stressé par cette situation. J’espère qu’il va réussir à faire une bonne nuit, pas trop mouvementée, et qu’il sera en forme demain.

Jour 11, dimanche 17 février

La nuit a été bonne. En tout cas pour Antoine et moi. Reste à savoir si celle de Martin en a été de même. On descend, il se réveille, il parle, c’est bon signe. Il sourit même. Je crois qu’il est sorti d’affaire avec son mal des montagnes. S’en suit un petit-déjeuner ensoleillé sur la terrasse du refuge Murray. Notre journée est consacrée au repos. Notre 6000 d’hier a laissé des traces. Un petit tour au Laguna Verde pour se nettoyer dans les bains chauds, des dégustations de thés au refuge, et un dernier récap matériel. Nous voyons défiler au camp de base toutes les expéditions. La pression monte d’un cran. En effet, elles reviennent toutes bredouilles. Seule une personne avec son guide ont réussi à atteindre le sommet dans ces dernières 48h. Les conditions météo étaient pourtant optimales. Ces expéditions partent en général du camp de base n°3, Tejos, accessible en 4×4. Nous partirons du camp de base n°1 pour faire l’aller/retour. Le fait de voir revenir toutes ces personnes usées et fatiguées installe une inquiétude immense dans nos têtes. Le Nevado Ojos del Salado brise les rêves, exerce son pouvoir de montagne la plus haute du Chili sur les âmes trop fragile des humains que nous sommes. Le doute s’installe à nouveau. Le doute est un fil conducteur de notre aventure. Il est parfois difficile à supporter. Il peut avoir raison de notre motivation. Mais l’inconnu est aussi la seule chose qui nous laisse espérer à une éventuelle réussite. Il y a un paramètre de notre projet que nous connaissons déjà en revanche : l’aventure sera extrêmement difficile, et physiquement, et mentalement. Il va falloir aller chercher des zones d’effort encore jamais explorées. Il faut que l’on se prépare à vivre peut-être l’aventure sportive la plus difficile de notre vie. Et pourtant, j’ai déjà quelques références en la matière…

Il est 23h, on aperçoit des phares de voiture au loin, dans la nuit. L’expédition polonaise composée de 8 personnes semble rentrer de Tejos. Ils ont tous des têtes complètement défaites, les regards vides, et vidés. Aucun n’a réussi à aller au sommet. Trop de neige apparemment. Bref, pendant notre acclimatation, depuis 10 jours que nous sommes dans le secteur, nous avons fait connaissance avec tous les protagonistes au sommet de l’Ojos, soit 27 personnes. Deux seulement ont réussi à rejoindre le sommet du plus haut volcan de la planète. Adolpho, un guide local, et un de ses clients, « le docteur ». L’Ojos ne se laisse pas dompter si facilement. Il va falloir faire preuve d’abnégation, sans se mettre en danger. Mais où est la juste mesure ? La limite de  non-retour ? Où se situe le stade du renoncement ? Nous ne savons pas, encore cette variable inconnue. C’est l’incertitude qui me ronge depuis le départ de notre expédition. C’est néanmoins elle qui me pousse à rester intégralement motivé pour ce projet qui semble fou.

Je me couche. Demain, c’est le jour J. Les dés de l’acclimatation sont jetés. J’ai hâte, j’ai peur, c’est un sentiment indescriptible.

Jour 12, lundi 18 février

C’est le jour J. Je me lève, j’ai mal au genou droit. La même gêne que je traine depuis le mois d’août dernier. Ça me tracasse. Je suis stressé, comme avant une course importante, mais avec en plus l’appréhension de l’inconnu. Je revois les visages de toutes les personnes qui sont revenues déçues, épuisées, marquées par l’ascension du plus haut volcan du monde. J’écris ces quelques lignes avec un nœud dans le ventre. Je n’ai même pas trop le goût d’écrire, tant notre projet occupe mon esprit, et maintenant mon corps. Inconsciemment, j’avais sous-estimé la difficulté de notre objectif. C’est un truc de titan. L’altitude complique absolument tout. On pense courir les 16 premiers kilomètres, mais on ne sait même pas si c’est possible. Nous devons courir entre 4550m et 5050m. C’est notre plan, c’est sur cette base que nous avons prévu nos estimations de passage à différents points clefs de l’ascension. Encore une belle incertitude. L’anxiété me ronge, je vais avoir du mal à m’endormir cet après-midi pour la sieste. En attendant, il faut faire les affaires, préparer les sacs, ne rien oublier, notre survie en dépend, et la réussite de notre projet par la même occasion. Je me sens comme jamais je me suis senti, c’est-à-dire juste avant de réaliser quelque chose que jamais aucun autre être humain n’a osé tenter. C’est excitant, mais absolument stressant. Ça me fatigue. J’ai les yeux qui se ferment. J’arrête de ruminer, vivement le départ.

Jour 13, mardi 19 février

Il est 21h lundi 18 février, nous partons du camp de base n°1, 4550m d’altitude. Le soleil vient de se coucher derrière le volcan Vicunas, notre dernier « 6000 » d’acclimatation. La nuit nous appartient, la pleine lune l’éclaire si bien. A la lumière de nos frontales, nous courons en grande majorité les 16 premiers kilomètres. Martin nous suit, il fait des images. Du côté argentin, une tempête sèche éclaire la nuit à coup d’éclairs orangés incroyables. Il ne fait pas encore très froid, on est bien. Au seizième kilomètre, à 5050m, Martin nous attend avec le 4×4. C’est le moment de troquer notre tenue de coureur pour celle de haute-montagne. Nos sacs sont prêts, les piolets fixés dessus. On quitte Martin, on s’enfonce dans la nuit, pour de bon. Nous ne le reverrons que dans quelques heures, dans la descente. Il doit nous attendre au même endroit. Direction donc le camp de base n°2, il est minuit. Une petite heure plus tard, nous y voilà. 5260m d’altitude. Il y a ici deux petites cabanes qui font office de refuges, et des emplacements pour les tentes reconnaissables grâce à leur pare-vent en pierres. On boit un café, on mange quelques cookies, avant de repartir vers le camp de base n°3, Tejos, situé à 5830m d’altitude. Le vent se lève en l’espace de quelques minutes. Un vent glacial. Quelques minutes avant d’arriver à Tejos, mon altimètre indique l’altitude du camp de base. On ne doit pas être bien loin de la cabane. Nous ne prenons donc pas le temps d’enfiler notre doudoune, au risque de se geler les doigts. Nous préférons avoir froid quelques minutes et attendre d’être au refuge pour se changer avant de repartir. Sauf que le refuge n’arrive pas. La carte, peu précise, omet d’indiquer qu’il faut traverser une combe sous le refuge avant d’y arriver. Le temps de descendre puis de remonter de l’autre côté, le froid nous a mordus.  Nous arrivons finalement à Tejos avec soulagement, mais frigorifiés. Je tremble, je suis nauséeux, j’ai mal au crâne. Nous sommes en avance sur nos prévisions, presque d’une heure. Je tente donc de me coucher dans un des lits du refuge, mais il n’y a pas de couvertures dignes de ce nom. J’oublie que j’ai une grosse couverture de survie dans le fond de mon sac. Mon cerveau tourne au ralenti, ou à l’envers, je ne sais plus. J’essaye donc de mettre un matelas sur moi en guise de couette. L’Homme sandwich ne rigole plus. Il est couché dans le fond d’un cabanon poussiéreux perché à 5830m, en quasi hypothermie. De manière inéluctable, le sommet s’éloigne. L’erreur est cruelle ici…

Sous mon matelas, je ne me réchauffe pas. Je demande à Antoine de venir me réchauffer. Il s’exécute bien gentiment. Il est mieux que moi à cet instant. On se sert l’un contre l’autre dans un lit une place. La scène est cocasse, mais terriblement efficace. Tels des manchots empereurs, nos chaleurs corporelles respectives nous réchauffent mutuellement. Deux heures passent ainsi. Je suis toujours très nauséeux, je vais me faire vomir. J’ouvre la porte du cabanon, je fais un seul pas, et je ressors le repas de 19h, le café et les cookies de minuit. Je retourne me coucher, je vais mieux. Il est maintenant 4h du matin, nous sommes en retard d’une heure sur nos prévisions. Mais il est pour le moment inenvisageable de reprendre la route du sommet. Je n’ai plus rien dans le ventre, j’ai grillé quelques cartouches d’énergie, Antoine commence à avoir de nouveau froid, et dehors la température n’a pas augmenté d’un degré. Il fait tellement froid que, même à l’intérieur, tout gèle. Nos 5 litres d’eau sont devenus glace. Heureusement, nous avions prévu un réchaud. On réchauffe donc notre eau, 50 cl par 50 cl, en déplorant tout de même quelques pertes. En même temps, on danse, on essaye de se réchauffer comme on peut. Nous retrouvons l’appétit, c’est bon signe. On se prépare deux bonnes soupes lyophilisées avant de prendre la décision de continuer l’ascension. Il est 6h15, nous sommes restés 4h et 15 minutes ici, il est grand temps de repartir.

Le lever de soleil ne va pas tarder, vers 7h. Avec lui reviennent nos rêves de réussite. Il fait moins froid, et les paysages sont incroyables. En raison des prévisions météo pessimistes pour l’après-midi, nous nous sommes fixés une barrière horaire à midi au sommet, dernier carat. Seulement, avec nos 4 heures perdues à Tejos, la fenêtre de réussite s’est refermée. Vers 6500m, Antoine coince un peu. Il est éreinté et l’altitude rend l’ascension difficile. A 10h, nous prenons la décision de continuer chacun à son rythme, et de faire demi-tour à midi, quoiqu’il arrive. Je pense pouvoir faire les 400 derniers mètres de dénivelé en moins de deux heures. Je distance Antoine lentement, ça me fait sourire, on semble être deux escargots qui se font la course. Je fais 10 pas, je m’arrête une minute pour reprendre mon souffle.  Vers 11h, je suis à l’entrée du couloir terminal, à 6800m. Je crois maintenant vraiment au sommet. Sauf que dans le couloir, je ne vois aucune trace. Brassage garanti à presque 7000m d’altitude. La partie risque d’être corsée. Je sors le piolet, sur lequel je somnole à chaque pause. J’ai mal au crâne aussi. Je pense à renoncer, à seulement 50 mètres du sommet. Heureusement, le soleil brille, il n’y a pas encore de nuages à l’horizon, et il n’y a pas de vent. Il fait presque chaud, aux antipodes de notre nuit mouvementée à Tejos. Finalement, j’atteins le sommet à 11h45, après l’escalade d’une jolie arête  aérienne. Je reste 15 minutes pour faire quelques images et profiter du cadre. Je bois aussi ma dernière goutte d’eau. La descente vers Tejos s’annonce déjà fastidieuse. Je m’arrête boire dans un filet d’eau de fonte de pénitents. Je suis sec, cramé ! Les 1000 mètres de descente vers Tejos sont longs, interminables. Le vent se lève quand j’arrive à Tejos. J’espère y trouver Antoine, mais il n’y a personne. Il doit être descendu à Atacama, au camp de base n°2. J’y descends donc. Antoine n’est pas là. Mais sur la table de la cabane, je trouve écrit « Avec Martin », en allumettes. Ça me fait sourire. Tout va donc bien pour lui, ça me soulage. J’entame la descente vers notre point de rendez-vous commun avec Martin. J’emprunte la Rocky Road, plus courte, et balisée avec des grands cairns. La chaleur du désert fait vaciller l’horizon… et mon esprit. Les cairns se transforment en personnes, je crois même voir un vélo. Des hallucinations, c’est la première fois que ça m’arrive ! Après quelques confusions grotesques, je crois apercevoir Antoine. Il est assis au bord de la piste, il doit attendre Martin qui n’est pas encore arrivé au point de rendez-vous. J’arrive à une dizaine de mètres de lui, mais ce n’est pas lui ! Un vulgaire tas de cailloux trône devant moi, mis en action par le fameux mirage du désert. Mon moral baisse, c’est décevant. Finalement, quelques centaines de mètres plus loin, j’aperçois pour de bon la voiture. Martin et Antoine sortent quasi instantanément, ils m’ont vu. Je commençais à souffrir de solitude, ça fait réellement du bien de les voir. Antoine vient à ma rencontre, il va bien. Il est en revanche extrêmement déçu, ça se voit instantanément. On échange sur nos expériences respectives. Lui est redescendu vers 6600m, il n’a pas eu le temps de continuer. Si nous n’avions pas perdu autant de temps à Tejos cette nuit, il aurait peut-être pu espérer aller plus loin. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est de ma faute. Il était moins frigorifié que moi, il aurait pu repartir plus tôt du dernier camp de base. Mais on ne peut pas revenir en arrière, c’en est ainsi, et je m’en veux.

Il est 15h30, je suis avec Martin et Antoine à côté du 4×4. Je n’ai pas le courage de finir, je n’ai plus qu’à monter dedans et me laisser transporter jusqu’au camp de base 1. Tant pis pour le record et la première mondiale, le défi est trop dur.

Oui mais voilà, j’ai encore des ressources mentales. Le fait de parler aux gars me remet un peu d’aplomb. Il me reste 16 kilomètres à parcourir pour rejoindre le camp de base 1 afin de boucler ce fameux Aller-Retour. Je décide de continuer. Je trottine en descente, je marche sur le plat. Je suis en train d’explorer une zone d’effort que je ne crois pas avoir déjà rencontré. Mes yeux se ferment, et j’ai toujours mal au crâne. A partir des 6 derniers kilomètres, je ne peux plus courir. Mon cerveau le veut, mais pas mes jambes. A la faveur d’un virage, j’aperçois enfin le refuge de Murray, d’où nous sommes partis à 21h hier soir. Je sais maintenant que je vais réussir ce que personne n’avait tenté auparavant. Antoine me fait l’honneur de faire les 3 derniers kilomètres avec moi. Il m’aide, comme il m’avait déjà aidé à 3h du matin à surmonter ma petite hypothermie. Alors oui, c’est moi qui suis en train de réussir le challenge que nous nous étions lancés 6 mois plus tôt, mais cette performance restera collective. Sans lui, je n’aurais pas réussi, c’est certain. Ma joie est donc mesurée quand je franchis la ligne d’arrivée, et parce que je dois respecter la frustration d’Antoine, et parce que je n’ai plus l’énergie suffisante pour exulter. On déguste tout de même un petit vin chilien pour fêter ça, c’est notre première goutte d’alcool depuis 12 jours. Nous venons d’accomplir une première sur le plus haut volcan du monde.

57km, 2700m D+, 21h18, sommet du Nevado Ojos del Salado à 6893m d’altitude, voilà le bilan d’une expérience hors du commun pour deux normands d’origine. 

Jour 14, mercredi 20 février

Le petit-déjeuner sur la terrasse du refuge a une saveur particulière. Je suis fier de l’exploit que j’ai accompli hier. Aujourd’hui, nous quittons le désert d’Atacama pour aller sur la côte pacifique. Nous avons besoin de repos. On va aussi pouvoir donner des nouvelles à nos proches, de leur annoncer la bonne nouvelle. On réussit à aller jusqu’à La Serena. On dort dans un petit hôtel du centre-ville. La première vraie douche depuis 14 jours, la première bière aussi.

Jour 15, jeudi 21 février

On décide de passer le reste du séjour à Valparaiso, plutôt que Santiago. C’est la deuxième ville du pays. C’est aussi la ville du street-art. Elle est mondialement connue pour ses fresques murales qui couvrent tous les murs de la ville. On y séjourne deux nuits, dans un joli hôtel sur les hauteurs de la ville. Il fait bon vivre ici, malgré son apparent désordre urbain.

On déambule dans les rues en pente de Valparaiso en observant les fresques murales toutes plus incroyables les unes que les autres. Elles sont les témoins d’univers tout droit sortis de l’imagination des peintres. En tant que grapheur, j’aurais pu peindre une de ces fresques. Elle aurait raconté ce que je ressentais quelques jours plus tôt à haute altitude. J’ai beaucoup entendu parler des sensations que l’Homme éprouvait en haute montagne, à travers des récits d’alpinisme notamment. Mais il faut vivre cela pour comprendre, c’est unique.

Jour 16, vendredi 22 février

Sur les conseils de Pablo, un ami à Martin qui habite à « Valpo » et avec qui nous avons bu une bière hier soir, nous décidons d’aller surfer à Concon, 30km au nord de Valparaiso. La plage est magnifique, le plan d’eau est bien propre. Nous louons des planches dans l’école de surf la plus proche de la plage. Les vagues sont divines : ni trop grosses, ni trop petites, et surtout bien rangées. Cette session restera peut-être l’une des plus réussie de toute ma vie. Notre dernière soirée au Chili est une sombre histoire de Pisco Sur. Je n’écris pas un cahier de soirée, mais un récit d’aventure, de notre aventure !

Etienne

 La vie est belle

Chacun de nous est né sous une étoile

Et quand le berceau lève le voile

Multiples sont les cartes qu’il dévoile…

Toi tu as su te construire un idéal !

De la rage de vivre tu es affublé

Par les grands espaces tu es attiré

Par les défis tu es appâté

Dans la vie à pleine dent tu pioches

Mais en sage philosophe

Ton entourage le plus proche

Compte sur toi pour prévenir les catastrophes !

Ne désire que le possible

Personne n’est invincible

Écoute ton corps et ton cœur

Et tu seras toujours le vainqueur !

Toi le challengeur acharné,

Fais en sorte que ton avidité

Ne trouble jamais ni  ta sérénité

Ni ta précieuse santé !

Chaque homme est le fils de ses œuvres

Toi tu es notre fils, un de nos « chef-d’œuvre* »

Qui aime le risque, et nous savons bien

Qu’à ne risquer rien, on n’a rien

Mais qui risque trop met en jeu son destin !

Tu es capable de projets les plus fous

Mais avec l’ivresse des montagnes

Ne deviens pas fou

Aies toujours à l’esprit malgré ta hargne

Que le corps a ses limites

Et devant l’impossible n’hésites pas à prendre la fuite

Gardes toujours raison

Pour préserver ton excellente condition

Qui te permettra par la suite

De nourrir encore mille belles ambitions

Maman

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